LIGNE PRÉSENTE

Vidéo 4K, 7:10 min

Ce projet initié lors d’une résidence à Rome en 2018 s’articule autour de la découverte d’une gravure d’un ancien aqueduc romain, Lei sette sale, de la série des Vedute de Piranesi, artiste du 18e siècle, dont le cadrage particulier m’interpella. On y voit les ruines d’une arche de pierre qui s’ouvre sur deux arcades filant en direction opposée et dont la seule issue est une trouée en haut du mur de terminaison. Un principe utilisé dans la peinture baroque qui permettait à l’esprit de s’évader. L'apparente symétrie des passages, induite par le cadrage, nous place devant un non-choix où l’impression d’un repli imminent de l’espace laisse planer le vertige d’une fin possible. Un sentiment qui fait échos à cette époque charnière, à cheval sur la modernité, où l’on valorisait une approche rationnelle au détriment d’une expérience sensible comme mode de connaissance du réel.

Le travail vidéo part de cette image que je déploie sur le fil du temps au moyen d’un procédé mécanique d’animation qui réfère à l’origine des techniques de reproduction des gravures par l’utilisation de la roue. La moitié de l’image est ainsi traversée par les rayons d’une roue qui crée une sorte de battement dont le tressaillement rend impossible la fixation de l’image et que le passage répété de la roue accentue par sa dégradation successive.

Ce travail témoigne également de la présence dans le dessin de la double nature de la ligne. Celle de la représentation (de l’ordre de l’image) et celle de la présence matérielle et physique, interne à la représentation. +

Texte de Jessica Bradley pour l’exposition Veils

Ligne présente(2018) was inspired by Blais’s recent residencies in Rome and Mexico City, both renowned for their layered urban spaces where the modern city coexists with ancient ruins. In this dream-like sequence a tentative drawing of arches emerges, multiplying, dividing and crossing over itself. Blais was captivated by the work of celebrated 18thC Italian artist Giambattista Piranesi, best known for his etchings of Rome and his imaginary architectural spaces replete with labyrinthine passageways. Her fast-paced imagery of this architectural form in the process of realisation and dissolution pays homage to the revolutionary Russian master of film montage, Sergei Eisenstein, who was deeply affected by the cultural and historical complexity of Mexico during his stay there in the early 1930s. The sound of a wheel turning marks times, accompanying the flickering passage of images and recalling both a film reel moving through a projector and the origin of multiple images in the printing press.

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